Dans le lexique ci-après : ar. signifie que le terme à définir est arabe ; ber. signifie qu’il est berbère et heb. qu’il est hébreu. Les mots soulignés sont définis dans le présent lewique
Abdel Aziz : (Moulay), sultan du Maroc (1900 – 1908), Voir Les Glaoui
Abderrahmane : (Moulay) Sultan du Maroc (1822 – 1859)
Adrar-n-Deren: Désigne le Haut Atlas occidental (du berbère Adrar = montagne, pluriel idraren qui a donné deren. Adrar-n-Deren = La Montagne des Montagnes)
Agadir : ber. citadelle, grenier collectif, forteresse (Haut Atlas Occidental) voir Grenier-citadelle
Aghmat: Bourgade sise à une trentaine de km au sud de Marrakech sur l’oued Ourika. Aghmat fut une grande cité caravanière signalée par les chroniqueurs dès le VIIème siècle. Deux aglomérations portaient ce nom : Aghmat Aïlane et Aghmat Warika, à quelques kilomètres l’une de l’autre. C’est cette dernière qui fut capitale des Maghraoua avant qu’elle ne fût prise par les Almoravides. Et c’est probablement cet emplacement qu’occupe l’actuelle Aghmat.
Agurram : ber. chef religieux, équivalent de marabout, voir ZAOUIAS ET MARABOUTS.
Almohades : Dynastie berbère qui a régné sur l’Afrique du Nord et l’Andalousie de 1146 à 1269 voirZAOUIAS_ET_MARABOUTS.
Almoravides : dynastie berbère qui a régné sur le Maroc, la Mauritanie, l’est algérien et l’Andalousie de1060 à 1146 voir ZAOUIAS ET MARABOUTS
Amghar : ber. Chef de tribu ou de clan désigné par ses contribules, voir CAIDALISME
Baydaq (Al): Compagnon d’Ibn Toumert, historiographe des Almohades. De son vrai nom Abou Bakr Assanhaji (Al Baydaq est un sobriquet dû à sa petite taille, baydaq en arabe veut dire pion de jeu d’echecs);
Berghouata: En 742, Salih ben Tarif, fils d’un kharéjite se proclame prophète et dote ses adeptes, les Berghouatas, d’une version berbère du Coran en 80 chapitres qu’il prétend lui avoir été révélé. Il fonde un royaume théocratique qui s’étend de Salé jusqu’à Safi (en Islam le temporel est inséparable du spirituel) dont l’anéantissement ne fut définitif que sous les Almohades, quatre siècles plus tard.voir ZAOUIAS ET MARABOUTS
Caid: ar. Chef de tribu(s) désigné par le makhzen (voir ce mot); voir CAIDALISME , aujourd’hui le caïd est le representant du ministère de l’intérieur à l’échelon communal.
Casba ou casbah : ar. Citadelle,ville ou maison fortifiée voir ARCHITECTURES BERBERES
Chorfa; ar. pluriel de chérif, de la famille du prohète.
Chérifien: adjectif formé à partir de cherif.
Dahir: ar. du verbe Dhahara (montrer, manifester); manifestation de souveraineté du sultan. Decret royal
El Hiba : Prétendant au trône sous Moulay Hafid (1908 – 1912), proclamé sultan dans le Souss, il a marché sur Marrakech pour s’y faire reconnaître mais, battu par les troupes du Colonel Mangin il se réfugia dans l’Anti-Atlas. voir Politique des grands caids.
Fatimides: Famille chiite descendant du prophète par sa fille Fatima. Les Fatimides régnèrent sur l’Afrique du Nord pendant les deux premiers tiers du Xème siècle. Ils conquirent l’Egypte en 969 et y occupèrent le pouvoir pendant deux siècles qui furent les « siècles d’or » de l’Egypte musulmane.
Foucault (vicomte Eugène-Charles de Foucault) : explorateur et missionnaire français (1958-1916), accomplit un voyage d’exploration au Maroc de plus de 2000 km, à pied, déguisé en rabbin, dont il laissa une excellente narration (Reconnaissance au Maroc 1883-1884)Le periple de….
Ghazali (Al): Grand maître soufi qui enseigna à la madraça Nidhamia à Baghdad où il mourrut en 1105. D’après ce penseur « le coeur s’il n’est guidé par la raison commet des erreurs, et la raison si elle n’est vivifiée par le coeur produit un squelette desséché de religion » (Cahen). Ibn Toumert, fondateur du mouvement Almohade pretendit avoir suivi son enseignement.voir ZAOUIAS ET MARABOUTS
Glaoui (les) : « Dynastie » de caids qui a « régné » sur une partie plus ou moins étendue du sud du Maroc probablement depuis le début du 18ème siècle jusqu’à l’indépendance du Maroc en 1956. Madani Glaoui a été grand vizir (premier ministre) de Moulay Hafid depuis l’intronisation de celui-ci (dont Madani fut le principal artisan) en 1908 jusqu’à 1911. Son cadet Thami fut pacha de Marrakech(sorte de vice-roi pour la moitié sud du Maroc) de 1912 jusqu’à l’Indépendance du Maroc (1956). Voir Les Les Glaoui
Goundafi: (Tayeb, El) est l’un des trois grands caids (les deux autres étant El Glaoui et El M’touggi) qui, à partir de 1900, ont établi leur hégémonie sur les tribus de l’Atlas et des plaines du Sud. El Goudafi fut le plus puissant jusqu’en 1906, après quoi une coalition des deux autres Caids l’obligea à se retirer dans son fief d’origine (Haut N’fis). Plus tard, Lyautey l’envoya dans le Sous (en qualité de Pacha de Tiznit) réduire El Hiba. Quand il put revenir à Marrakech, le Glaoui y avait défitivement établi son pouvoir ainsi que sur le Haouz et l’Atlas. Il mourut dépité à Marrakech en 1928. On peut encore admirer les vestiges de sa puissance dans les ruines de ses Qasbas qui subsistent dans le Haut N’fis.voir CAIDALISME
Hafid : (Moulay), sultan du Maroc de 1908 à 1912, Voir Les Glaoui
Halakah : heb.droit mosaïque. voir LES JUIFS EN PAYS BERBERE
Harka: ar. Troupes du makhzen en campagne voir caidalisme
Hassan Ier : Moulay Hassan, Sultan du Maroc (1873 – 1892), Voir Les Glaoui
Hillulah: heb. Moussem (voir ce mot); voir Haïm Ben Diwan
Idris I, Idrissides: Descendant de Ali (donc du prophète par Fatima sa fille). Persécuté par les Sunnites au pouvoir à Baghdad, il se réfugia au Maroc à la fin du 8ème siecle, se fit reconnaître par quelques tribus berbères islamisées et fonda une principauté à Volubilis abandonnée par les Romains. Son fils Idris II, est le fondateur de la ville de Fez en 808 et du royaume Idriside. Mais les dissensions entre ses successeurs aboutirent à l’émiettement du Royaume en principautés dès le mileu du IX ème siècle. Idris I et Idris II ainsi que les chefs de ces principautés sont connus sous le nom de Idrissides. voir ZAOUIAS ET MARABOUTS
Igherm: ber. Grenier-citadelle (Moyen Atlas, Haut Atlas Central, Anti-Atlas) voir Grenier-citadelle.
Ismael : (Moulay) Sultan du Maroc ( 1672 – 1727) ; voir CAIDALISME
Kasba, Kasbah: voir Casba
Kharejite, Kharéjisme : ar. De façon très schématique, le kharejisme trouve son origine dans la lutte pour le pouvoir (après la mort du prophète Mohammed) entre diverses factions. Parmi celles-ci les partisans de Ali (4ème et dernier calife, gendre du Prophète) connus par la suite sous l’appellation de Shîites, d’un côté et les partisans de Moawiyya (Gouverneur de Syrie) soutenu par Aisha (jeune veuve du Prophète) de l’autre côté, Sunnites. Un des sujets de discorde était la question de savoir si le meutre du 3ème calife (Othmane, prédecesseur de Ali) était licite (ce qui absolvait les meurtriers) où si les auteurs de cet homicide (que Ali était accusé de protéger) devaient être punis. La discorde dégénéra en bataille armée (Siffin 657) qui tourna court lorsque les deux parties se mirent d’accord pour porter l’affaire devant un jury. Une fraction minoritaire des partisans de Ali rejeta cette solution pacifique, prônant la poursuite des combats. Ce sont les kharéjites (les sortants, de l’arabe : kharaja (sortir). Les kharéjites ont eu beaucoup d’adeptes parmi les Berbères à cause de leur esprit d’indépendance et leur rebellion constante contre les pouvoirs établis. voir ZAOUIAS ET MARABOUTS
Khettara:Galerie souterraine creusée en vue de conduire l’eau d’une nappe phréatique à un endroit situé à une côte inférieure à celui où on capte la nappe. Après un parcours souterrain qui peut atteindre plusieurs km la galerie, dont la pente est inférieure à celle du terrain naturel, émerge et l’eau coule à la surface du sol. De là elle est acheminée vers les lieux d’utilisation soit pour l’irrigation soit pour l’adduction d’eau à des édifices publics (mosquée, fontaines publiques, hammams…). Cette technique importée d’orient (Iran ? ) a permis vers la fin du 11ème siècle de transformer le site semi- désertique de Marrakech en une métropole d’Empire verdoyante. Au milieu du 12ème siècle, le géographe marocain Al Idrissi décrit ainsi les khettara : « l’eau dont les habitants ont besoin pour arroser leur jardins est amenée au moyen d’un procédé mécanique ingénieux dont l’invention est due à Obeidellah Ibn Younes… Les habitants de la ville, voyant le procédé réussir, s’empressèrent de creuser la terre et d’amener les eaux dans les jardins ; dés lors, les habitants et le jardins commencèrent à se multiplier, et la ville de Marrakech prit un aspect brillant »
Makhzen : ar. littéralement: magazin. Le sultan du Maroc, avait coutume, lors de ses déplacements (notamment les harka) de transporter, parmi ses attributs,des coffres dans lesquels étaient gardés les recettes des impôts prélevées sur les tribus (qui servaient également à payer les soldes des soldats en campagne). Sert à désigner le régime lui-même ; voir CAIDALISME
Marabout : de l’arabe Murabit, disciple qui reçoit l’enseignement religieux d’un maître établi dans un Ribat. De nos jours, trivialement un marabout est l’équivalent d’un santon, personnage (réel en général) dont les qualités (sagesse, connaissance- réelle ou admise- des textes religieux et surtout la baraka – grâce divine) font l’intercesseur désigné auprès de Dieu. Voir MARABOUTS ET MARABOUTISME
Megorashim : heb, Juifs expulsés d’Espagne et réfugiés au Maroc voir LES JUIFS EN PAYS BERBERE
Mesfioua: Tribu installée au sud est de Marrakech (Ait Ourir). Fut « conquise par les Glaouia » voir les Galoui
M’touggi: est l’un des trois grands caids (les deux autres étant El Glaoui et El Goudafi) qui, à partir de 1900, ont établi leur hégémonie sur les tribus de l’Atlas et des plaines du Sud. il connut ses heures de gloire entre 1908 (après la disgrace de Madani El Glaoui auprès de Moulay Hafid) et 1911 (retour en grâce des Galoui auprès de la France devenue puissance protectrice du Maroc). voirCAIDALISME
Moussem : Rassemblement populaire autour d’un marabout qui se tient à dates fixes (en général une fois par an) et qui donne lieu à des festivités et des sacrifices d’animaux. En même temps foire.
Orf: ar. Droit coutumier, voir Grenier-citadelle.
Qasba, Qasbah: voir Casba
Riad: Un riad est une maison centrée sur une cour intérieure, sans fenêtre vers le dehors. Immense ou minuscule, palais ou gourbis, décoré de splendides zelliges ou fait d’humble pisé, le riad s’aveugle su le monde extérieur et se replie sur lui-même… (d’après Michel van der Yeught, Le Maroc à nu 1989)
Ribat : ar.Le Ribat peut être assimilé à un couvent dont les ‘moines’ dédiaient leur existence à la propagation de l’Islam, au besoin par les armes et, quand les circonstances s’y prêtaient, s’emparaient du pouvoir politique. voir ZAOUIAS ET MARABOUTS
Soufis, soufisme : ar. mystiques musulmans qui pratiquent et prêchent le renoncement, l’honnêteté du cœur, l’abandon à Dieu (C. Cahen , l’Islam). Ils doivent leur nom à la bure en laine (Souf en arabe) qu’ils revêtaient volontiers. Les premiers soufis ont vécu au 8 ème siècle, il en existe encore de nos jours. voir ZAOUIAS ET MARABOUTS
Shîites : voir Kharejites
Sunnites: voir Kharejites
Tagadirt : ber. diminutif d’agadir (voir ce mot) ; voir Grenier-citadelle.
Taqbilt: ber. diminutif berbérisé de qbila (ar. tribu). Donc petite tribu. Canton. Groupe social de base autonome et auto-administré. voir organisation socio-politique des Berbères
Taqqanot : heb. décision rendue par les rabbins pour résoudre un cas qui leur est soumis. Equivalent de la Fetwa chez les musulmans voir LES JUIFS EN PAYS BERBERE.
Tighremt : ber. didminutif d’igherm (voir ce mot) ; voir Grenier-citadelle.
Toshabim : heb. juifs (indigènes) du Maroc voir LES JUIFS EN PAYS BERBERE
Zaouia : ar. Sorte de « couvent » où les disciples s’adonnent à la prière, au prêche et aux incantations ; voir ZAOUIAS ET MARABOUTS
Zirides: Quand les Sunnites s’établirent solidement au pouvoir a Baghdad (Abbasides), beaucoup de Alides (descendant de Ali) cherchèrent refuge en Occident musulman. Parmi ceux-ci les Fatimidess’installèrent en Ifriqya (actuelle Tunisie) où ils tentèrent de s’organiser en vue d’ arracher le pouvoir aux Abbasides. En 969 ils conquirent l’Egypte (étape vers Baghdad) laissant l’Ifriqya à leur vassaux berbères qui fondent une dynastie: Les Zirides dont le règne sur l’Ifriqya dura aussi longtemps que celui des Fatimides sur l’Egypte, environ deux siècles. voir naissance des Almoravides Les mots soulignés sont définis également dans ce lexique